jeudi 15 mars 2018

Mes années à L'Echo républicain : 1984-1991

L'Echo républicain, appartenait alors au groupe Hachette. Au début des années 80, le quotidien départemental d'Eure-et-Loir mettait le cap sur la modernisation.

Alain Genestar, rédacteur
en chef
Après avoir fait le tour de Deauville-Trouville-Cabourg, je reviens en Eure-et-Loir à partir du 2 avril 1984 
J'intègre L’écho républicain de Chartres, alors installé rue de Châteaudun, derrière le théâtre municipal. (*)
Un sacré tandem m'avait recruté :  Alain Genestar, rédacteur en chef et futur patron du JDD en 1987, puis de Paris Match en 1999, et Alain Bouzy, son adjoint, futur rédacteur en chef international de Match.
Dans un premier temps j'occupe les fonctions de secrétaire de rédaction (service piloté de main de maître par Christian Houisse) pour l'édition de Dreux ou les IG (Informations générales).
L’hiver 1986, je pars en mission à Rambouillet pour relancer l’édition des Yvelines, dans une passe difficile, suite à l'offensive du Parisien, sur les faits divers. 
Alain Bouzy
Mes confrères s'appelaient Jean-Jacques Rimoux (chef d'agence), Pascale Sauvage (future journaliste politique au Monde puis au Figaro, elle a quitté la profession et vit dans sa Bretagne natale), Pascal Mureau (rejoindra Le Courrier Picard à Amiens et prendra des responsabilités syndicales).
En avril 1987, à Chartres, je remplace le chef de centre Tarick Dali, parti au Figaro Lyon (Il avait succédé à Jean-François Le Texier, parti au groupe Bayard Presse, devenu aussi auteur de romans policiers). 
Mon prédécesseur quittera la profession après cette expérience pour s'orienter dans la communication pour Valeo, et chez DGM Conseil. Il est également un militant actif de la Droite Libre. 

Je retrouve avec plaisir l’encadrement d’une rédaction, tout en gardant un pied sur le terrain (vie municipale, politique départementale et économie). 
Retrouvailles également avec Jean-Pierre Juszczyszyn, alias Pierre-Ivan, mon ex-confrère de L'Action devenu directeur de cabinet de Martial Taugourdeau, président RPR du conseil général, qui savait respecter les journalistes. Jusqu'à sa mort accidentelle, en octobre 2001,  j'ai conservé avec cet homme politique des relations qui dépassaient le strict cadre professionnel.
De 1984 à 1991, j'exerce avec d’excellents confrères. 
Plusieurs feront de brillantes carrières : 
A la rédaction de l'Echo
Dominique Bayle-Siot (parti à Sud Ouest, il  dirigea l'édition Pays Basque de 2001 à 2010 avant de rejoindre Bordeaux à la tête du service des correspondants), Jean-Michel Benquet, Antoine Blin (parti aux sports du Télégramme)David Bordier (devenu JRI à TF1), Pascal Boursier (à l'agence de Dreux, venu de Paris-Mantes), Philippe Cavart (IPJ, responsable de la rédaction de 2005 à 2011, puis directeur de cabinet du président du conseil général, puis co-dirigeant de l'agence Ecrire&Dire), Jean Chaline (décédé en 2016), Jacques-Henri Digeon (rédacteur en chef adjoint de 1995 à mai 2011) Paul Daudin Clavaud (parti à La Voix du Nord, et devenu écrivain), Michel Deléan (LibérationJDD, et Mediapart), Roger Duvivier, Bernard Duvivier (décédé), Philippe Dubois, Patrick Ferradou, Pierre Guérin (alors chef d'agence à Châteaudun),  Lionel Guillaumin (rédacteur en chef de BG Comseils à Evreux, jusqu'en 2015),  Pascal Hébert (devenu chef d'agence à Dreux puis secrétaire général de L’écho il est  responsable de la communication du conseil départemental de l’Orne), François Ipcar (ESJ), Emilie Lanez (devenue rédactrice en chef adjointe du Point), Gérard Lemoine, Laurent Lesage (devenu grand reporter à Capital de M6)Olivier Loëb, Dominique Martin (parti à La République du Centre), Louis-Marie Martin (rédaction de Dreux puis chef d'agence à Nogent-le-Rotrou),  Gérald Massé (devenu scénariste)Guillaume de Morant (spécialiste reconnu de généalogie), Alain Morin (syndicaliste SNJ, retraité en 2011, président de la Fédération des Amis du Perche),  Stéphane MesserMarie-Laure Mourez (devenue guide conférencière)Lynda Paillard, Hervé Paraut, Dominique Pickeroën (photographe parti à La République du Centre), Cyrille Pitois (devenu directeur départemental de Ouest France Rennes, actuellement à La République des Pyrénées à Biarritz et correspondant de Libération), Richard Pizzol (rédacteur en chef de Solutions Utilitaires). François Reinhardt (devenu chroniqueur à Libération et L'Obs),  Jean-Eudes de Saint-Chamas (ordonné prêtre, chapelain de la cathédrale de Chartres depuis 1996), Michèle SoreauLuc Souriau (parti au Courrier de l'Ouest)Philippe Traversian (devenu biographe)Jacques Thizeau (pionnier de l’informatisation et journaliste agricole),  Rodolphe Wartel (devenu directeur de Terres de Vins après plusieurs postes de responsabilité rédactionnelle à Sud Ouest et Le Parisien).
Avant l'arrivée du Mac d'Apple
Et une pensée toute particulière pour Michel Troufléau (historique chef d’agence à Dreux, décédé en 2011 à 84 ans) 
Le quotidien, qui appartenait alors au groupe Hachette, envisageait de changer de matériel informatique. Le Macintosh, introduit en 1985, avait atteint ses limites et n'était pas adaptable à la nouvelle configuration éditoriale.
En juin 1987, je suis de la petite équipe partie en stage (CPJ) à la découverte de la mise en page sur écran. Direction la Confédération Helvétique.
A Genève, nous visitons le quotidien La Suisse (disparu en 1994), équipé du système Atex
A Lausanne, le journal 24 Heures (du groupe Edipresse) est beaucoup plus avant-gardiste, avec Unitex. 
Roger Cotel, qui dirigeait des séminaires de formation au CPJ, expliquait alors : " Une informatisation ratée, c'est une informatisation qui ne repose pas sur une analyse fine des besoins de la rédaction ".
Martial Taugourdeau, alors président du conseil général
avec Dominique Martin (à g.) et Thierry Noël (à d.)
Deux ans plus tard, Alain Gascon (ESSEC, décédé en 2010)DG de L’Echo (qui présida de 1990 à 1998 le syndicat des quotidiens départementaux), Alain Rault, secrétaire général, et Joël Leguay, directeur technique, choisiront le système 2330 de Crosfield (société britannique associée à l’américain Du Pont et au japonais Fuji). 

Le système Crosfield équipait déjà  Today à Londres, L'Unita en Italie, Saaba en Turquie, les magazines télé de la BBC, et Le Figaro Magazine en France.
Nous disposions de huit "page magician" pour la mise en page et 25 terminaux de saisie rédactionnelle.
Début 1990, je suis chargé de piloter la mise en page informatisée.
Les formations commencèrent en févrierje passe alors le flambeau de la rédaction à Patrick Lage. Cet ancien de Sciences Po Paris, venu du Populaire du Centre à Limoges, restera à L'écho jusqu’en 2001 pour devenir successivement « dir com » des villes de Chartres, Dreux, et Evreux.
1990 : l'informatisation un "must" du CPJ
En juin 1990, les premières pages sortent des composeuses avec 8 pages entièrement montées en juillet. 
L'objectif était aussi de simplifier le montage - à la main et cutter ! - des nombreuses pages de petites annonces (8 à 10 pages le samedi) et d'avancer l'heure du bouclage. 
L'écho républicain tirait alors à 37.500 exemplaires...
Cette modernisation essuiera la réticence - prévisible - de la rédaction car l’outil bouleversait les organisations archaïques, cloisonnées par les corporatismes, héritées de la presse du XIXe siècle !



L’écho républicain deviendra néanmoins le premier quotidien départemental pionnier de la révolution informatique. 
Nous réussirons une véritable rationalisation de la fabrication, les journalistes écrivant directement dans les pages, les espaces nécessaires ayant été préalablement définis par les secrétaires de rédaction et la publicité. 
Rédaction, secrétariat, services techniques (avec la complicité des protes Guy Marais et Dominique Ferré) pourront enfin travailler ensemble, brisant le corporatisme, augurant l’ère nouvelle des nouvelles technologies d’Internet et du numérique. 
Un modèle éditorial qui est devenu la règle... 
J'ai profité de cette séquence pour découvrir les arcanes de l'informatique grâce à l'ingénieur Luc Potron, (devenu PDG de TRIAS qui équipe de très nombreuses publications). Il m'initia à l'écriture des "macros commandes", ces petits bouts de programme installés sous certaines touches du clavier, permettant d'automatiser des actions répétitives.

13 août 1991 : dernière journée à L'écho avant de rallier le 4 septembre La Nouvelle République à Niort (Deux-Sèvres), où je vais diriger l'édition des Deux-Sèvres neuf années durant. 
Je retiens particulièrement cette "Une" encore bleue du 1er août 1991 consacrée au patron des pompiers d'Eure-et-Loir qui braquait les banques ! Un formidable exemple de duplicité pour ce fonctionnaire souvent croisé lors des sessions du conseil général...
Fin 1994, j'avais fait acte de candidature pour la rédaction en chef de L'écho, après le départ de Didier Fléaux. En dépit de très bons entretiens avec Anne-Marie Couderc et Philippe Zagdoun (responsable des titres régionaux d'Hachette) à Paris, Alain Gascon ne retiendra pas ma candidature.

En 1999, Hachette cède L'écho au groupe Amaury, qui le revend fin 2010 au groupe Centre France
Des ventes qui entraîneront l'ouverture de clauses de cession, permettant à nombre de confrères d'échapper aux restructurations toujours douloureuses des nouveaux propriétaires.

Pour ces sept années de bonheur professionnel, je dois beaucoup à Alain Genestar.
Viré en 2006 par Arnaud Lagardère – ami du président Sarkozy – après la publication d’une photo de Cécilia Sarkozy et Richard Attias en couverture de Paris-Match, il fonde avec succès en 2008 Polka Magazine, consacré au photo reportage. Il reste pour moi un modèle de manager, sachant faire confiance, l'humilité l'emportant sur l'ego.

(*) L'écho républicain de la Beauce et du Perche a d'abord été un hebdomadaire, rayonnant sur 22 cantons d'Eure-et-Loir, Eure et Orne.
Le samedi 30 mars 1929, il est créé par Paul Guillon, à la demande d'Adrien Berthelon, directeur du quotidien La Dépêche d'Eure-et-Loir, publiée en 1899 par Georges Fessard, maire de Chartres et sénateur de 1905 à 1912, et  Paul Deschanel, alors président de la Chambre des Députés, député de Nogent-le-Rotrou de 1885 à 1920. 
Juin 1940 : L'écho cessa de paraître mais pas La Dépêche. 
13 septembre 1944 : L'écho reparaît et devient quotidien en remplacement de La Dépêche interdite de reparution pour collaboration. Le nouveau quotidien s'installe dans les locaux de son prédécesseur au 19, rue du Bois-Merrain. 
1976 : le quotidien déménage au 37, rue de Châteaudun.
1979 : l'hebdomadaire Le Point prend une participation dans le capital du journal. 
1980 : le rédacteur en chef René Rouillé part à la retraite. Alain Genestar le remplace.
1982 : rachat par le groupe Hachette via France Editions et Publications.
1987 : Echo Communication SA est créée et cède ses parts à Quillet SA, holding d'Hachette pour la PQR qui regroupait alors le groupe du Provençal  et les DNA.
Alain Genestar nommé au JDD, Alain Bouzy le remplace à la rédaction en chef.
1990 : acquisition du groupe de gratuits Bip SA.
1991-1994 : Didier Fléaux, rédacteur en chef.
1994 : rachat du gratuit Inter Hebdo.
1994-2000 : Patrick Béguier, rédacteur en chef (Sciences-Po. Directeur du CPJ en 1991)
2000 : rachat par le groupe Amaury. Déménagement 21, rue Vincent-Chevard, non loin de l'autoroute A11, loin du centre-ville.
2000-2005 : Gilles Bornais, directeur général délégué et rédacteur en chef.
2005 : Hugues de Lestapis, directeur général délégué et rédacteur en chef. 
2006 : lancement du site internet.
Décembre 2010 : Amaury se retire de L'écho, repris par le groupe Centre France.
Mars 2011 : arrêt de l'édition eurélienne de La République du Centre et fusion des rédactions avec L'écho. Unification du système éditorial, entraînant la disparition du secrétariat de rédaction.
2012 : H. de Lestapis devient  directeur général de L'Yonne républicaine jusqu'en janvier 2017.
Fin 2013 : plan social dans le groupe Centre France.
Eté 2018 : retour dans l'hyper centre, dans une partie des anciens locaux du Crédit Agricole, boulevard Chasles, non loin de l'hôtel de ville.

> Lire aussi, sur le site Cactus, par Pascal Hébert, l'histoire de la presse d'Eure-et-Loir, les épisodes consacrés à l'écho :

 1989-1990 : la direction (Alain Gascon, DG, 2e à g. et Alain Plouvier, PDG, 5e à g.) et la rédaction de l'écho républicain
Alain Bouzy, rédacteur en chef (5e, au deuxième rang en partant de la droite)


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